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FO ESR


Présentation des conclusions issues de la concertation relative à la réforme du 1er cycle – CNESER du 23 octobre

Interventions FO

À la suite des groupes de travail qui se sont tenus en septembre et octobre, un rapport de synthèse sur l’accès au premier cycle universitaire mais aussi sur l’ensemble de ce premier cycle a été présenté au CNESER (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) par le recteur Daniel Filâtre. Concernant l’accès en premier cycle, diverses hypothèses ont été présentées dans le cadre fixé par le ministère (de « A », accès libre au 1er cycle pour tout bachelier, à « D », accès sélectif). Les représentants FO ont refusé de se placer dans ce cadre, dont le déterminant ultime est l’austérité, qui aboutit à déléguer aux universitaires la responsabilité de pseudo « choix », contraints par une pénurie de moyens qu’ils refusent et, dans tous les cas, à mettre en cause le baccalauréat comme premier grade universitaire.

Bernard Réty, au nom de la confédération Cgt-FO :

Force Ouvrière ne fait pas partie d’un quelconque consensus sur ce rapport et ses préconisations.

Nous ne partons pas des mêmes considérants que le Ministère et le rapporteur. Depuis 1975, il y a eu 8 grandes réformes de l’Éducation Nationale. Nous considérons qu’il n’est pas possible de ne pas tirer un bilan de ces réformes qui ont créé la situation actuelle, par exemple pour la question des pré-requis que ne garantit plus la possession du bac. Le baccalauréat doit de nouveau être garant d’un niveau de connaissances, il doit rester le 1er grade universitaire et donner l’accès à l’université.

De même, il n’est pas possible d’avoir une discussion sérieuse si l’on ne tire pas un bilan des deux lois de 2007 et 2013 sur l’enseignement supérieur et la recherche, de la dégradation considérable de la situation financière des établissements qu’elles ont provoquée, du manque d’universitaires, de BIATSS dans les Universités, alors que le nombre d’étudiants augmente.

Ce rapport comporte des propositions qui selon nous sont dangereuses. La "modularisation" et la "fluidification" des parcours, leur individualisation sur la base de "compétences", va aboutir à ce qu’un même diplôme ne renvoie plus au même contenu disciplinaire, ce qui lui enlève toute valeur et possibilité de reconnaissance au niveau national, sans aucune garantie véritable vis-à-vis des connaissances académiques comme vis-à-vis des reconnaissances qualifiantes.

La multiplication des "partenariats" préconisés avec entreprises ou associations nous apparaît également problématique, notamment avec la mise en avant du cadre local ou régional, avec des différenciations importantes entre établissements remettant en cause le cadre national républicain.

Les "contrats de réussite" et "contrats pédagogiques" entre "équipe pédagogique" et étudiant aboutissent à une "contractualisation" de ce qui devrait relever d’une appréciation académique dans une logique disciplinaire.

L’individualisation des parcours des lycéens et des étudiants va encore démultiplier le nombre de parcours.

Rappelons que les 251 mentions disciplinaires de masters recouvrent déjà la réalité de 4883 parcours types en M1 et beaucoup plus encore en M2, et que nombre de ces parcours sont sélectifs. De tels types de parcours-types sélectifs se multiplient au sein des mentions non sélectives dès la première année de licence, aboutissant à des licences à deux vitesses. Cette réalité est ignorée du rapport.

Enfin, nombre de ces préconisations aboutissent à donner un important surcroit de travail pour tous les personnels, travail qui souvent n’est pas lié aux fonctions et statuts des personnels concernés.

NB : dans sa conclusion, le rapporteur D. Filâtre, se tournant vers les représentants FO, a dû reconnaître que la discipline était absente du rapport.

Michel Gay, au nom de Supautonome-FO et du SNPREES-FO :

Ce rapport est intéressant. Il aborde de nombreuses pistes. Mais apporte-t-il vraiment quelque chose de neuf ? Nous ne le pensons pas.

Des éléments essentiels à la résolution du problème de l’échec ne sont pas abordés :

  • Le niveau d’exigence du baccalauréat en constante régression
  • Le niveau des étudiants qui est une des principales causes d’insatisfaction des personnels universitaires et pèse sur leurs conditions d’exercice de leur métier
  • Le contenu et les horaires des disciplines en primaire et secondaire
  • Le miracle permanent de l’enseignement secondaire, c'est-à-dire le passage d’année en année sans résultat, sans effort et sans motivation.

Nous avons l’impression que l’on traite les symptômes sans jamais se préoccuper des causes. Globalement, ce sont souvent les mêmes propositions qui sont faites depuis 20 ans avec les résultats que l’on connaît. Ainsi sur l’information ou l’orientation. On n’a jamais fait le bilan des expérimentations mais moins cela fonctionne et plus on en intensifie la fréquence.

Nous regrettons par ailleurs que la nécessaire qualité des formations et des diplômes, essentielles pour les jeunes issus de milieux modestes, n’ait pas été abordée dans les propositions. Pas plus que l’importance des savoirs fondamentaux qui permettent aux étudiants d’évoluer dans l’entreprise et de s’adapter à l’évolution des métiers.

Par ailleurs, en fonction de certaines propositions, nous redisons que l’enseignement professionnel ne doit pas être le réceptacle de l’échec dans le secondaire ou le supérieur et qu’il faut redonner vie à une véritable filière technologique à coté des filières générales.

Si nous ne sommes pas opposés à un accompagnement plus important des étudiants, à une diversification des voies de réussite et à la prise en compte du profil de l’étudiant, la mise en place nécessitera des moyens en budget et en personnel et de motiver celui-ci. Nous sommes inquiets sur les conséquences que la mise en place de cette politique pourrait entraîner sur les conditions de travail des personnels sans moyens adéquats.

Dans un domaine ou l’hypocrisie a trop longtemps dominé les décisions, nous pensons que le Ministère doit prendre ses responsabilités. C’est avant tout un choix politique.

26/10/2017